Chronique de l’été 1914 : Le 14 juillet, jour de la remise des prix aux élèves.

A Epinay-sous-Sénart comme dans la plupart des villes et des villages, la municipalité profite de  la Fête nationale pour organiser la remise des prix aux meilleurs élèves de l’école. Pour autant, ceux-ci ne sont pas encore en vacances. En effet, les congés scolaires débuteront le 1er août pour s’achever fin septembre.

Dès le mois de juin, Le directeur d’école écrit  au Ministère de l’Agriculture, au Ministère des Beaux Arts ainsi qu’au Sénateur du Département de Seine et Oise pour obtenir des livres à remettre aux 9 élèves ayant obtenus le certificat d’étude ainsi qu’aux 2 élèves les plus méritants. Le certificat d’étude marque la fin de la scolarité obligatoire. Les élèves qui le passent ont entre  11 et 13 ans.

Dimanche 12 juillet 1914, le Maire, André Lot, fait placarder un avis Par lequel il rappelle la date de la fête de la Nation et invite ses concitoyens à s’unir à la municipalité pour pavoiser et illuminer leurs habitations. Il précise aussi que ce même jour, à 2h30 du soir, aura lieu la distribution des prix sous sa présidence, assisté du Conseil municipal.

La journée se clôturera par un bal champêtre sur la place publique.

Mais la grande fête, celle que tout le monde attend et prépare, est la fête d’Epinay-sous-Sénart. Elle se déroule, traditionnellement, après la moisson, l’avant dernier dimanche du mois d’août. Pour 1914, elle est prévue dimanche 23 et lundi 24 août et prendra place rue de Boussy sur le champ prévu à cet effet.

G.Teton et ses élèves en 1912
G.Teton et ses élèves en 1912


Chronique de l’été 1914 : La déclaration de guerre à Epinay-sous-Sénart,  la folle quinzaine au jour le jour.

Lorsque le 28 juin 1914, l’archiduc d’Autriche est assassiné à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine) par un journaliste serbe, les rumeurs de guerre se font de plus en plus précises. Le doute n’est plus permis quand l’Autriche-Hongrie lance un ultimatum à la Serbie le 23 juillet puis le 28, lui déclare la guerre. A Epinay-sous-Sénart, on se prépare aussi à l’inévitable.

 

Mardi 28 juillet 1914. Le Maire reçoit une dépêche confidentielle du sous-préfet lui demandant de signaler les postes de télégraphie sans fil dans le village. André Lot répond le 30 juillet que le seul poste existant était celui du fils de Monsieur Rocher, Georges. Etant parti effectuer son service militaire, la plus grande partie du matériel a été démontée en octobre 1913. Les antennes viennent d’être démontées et il ne reste plus rien de ce poste. Georges Rocher sera tué dans la Meuse le 8 septembre 1914 à l’âge de 21 ans.

 

Vendredi 31 juillet 1914. Le Maire signale au sous-préfet qu’il a recherché dans toute la commune des hommes en état de faire partie de la garde civile. Pour l’instant, 6 ont accepté mais n’ont pas de revolver et déclarent ne pouvoir s’en procurer. Le Maire demande que des armes leur soient fournies.

La garde civile est un corps de volontaires officiellement organisé par décret (non publié au JO) en mars 1914. Il s’agit d’hommes volontaires pour effectuer des missions de police auxiliaires, ayant la force physique nécessaire, sans limitation d’âge et dégagés des obligations militaires.

 

Samedi 1er août 1914 16h45, Le Ministère de la guerre adresse au Maire le télégramme d’ordre de mobilisation générale pour le dimanche 2 août 1914. « dès la réception du présent télégramme, le Maire de la commune ou son représentant, fait prévenir les habitants par tous les moyens en son pouvoir ; il invite les réservistes et territoriaux à se tenir prêts à partir, mais à ne se mettre en route qu’après avoir pris connaissance des affiches de mobilisation que la gendarmerie doit faire placarder dans la commune ».

5 points d’affichage sont prévus dans la commune

Mairie : 1 extérieur et 1 intérieur (la Mairie est, à l’époque, rue de Boussy)

Place publique : 1

Rue de la Forêt : devant chez Monsieur Dondon

Rue de Boussy : devant le garage de Monsieur Grehier (villa Julien)

Ordre est donné au garde-champêtre de faire des rondes dans le pays « ce soir et dans la nuit ».

 

Dimanche 2 août, 14 heures. Le Conseil municipal, qui avait été convoqué le 27 juillet avec pour ordre du jour l’organisation de la fête d’Epinay, se réunit. Le Maire fait remarquer que du fait de la mobilisation et également de la maladie, le Conseil se trouve très réduit (sur les 10 membres que compte le Conseil, 5 sont présents, 2 sont mobilisés, 2 sont malades et le dernier, décédé n’a pas encore été remplacé). Néanmoins, vu l’urgence de la situation, le Conseil décide de délibérer :

-          La Fête d’Epinay qui devait se tenir, comme tous les ans,  les 23 et 24 août, est supprimée « par suite de la mobilisation et des bruits de guerre ».

-          Dépenses relatives à la mobilisation. Dès la mobilisation les hommes du service de garde des voies de communication devront être nourris par la commune d’Epinay-sous-Sénart . Ils sont au nombre de 38. « Chacun d’eux recevra tous les jours 2 repas.

Les hommes sont cantonnés dans les ateliers de Jacques Froment-Meurice. L’Epicerie Perrotin assure la moitié des repas et l’essence, le restaurant Martin, l’autre moitié des repas. La Ferme d’Epinay livre la paille pour le couchage des hommes et la litière des animaux.

 

Lundi 3 août, 12 heures. L’état de siège est proclamé.

 

Mardi 4 août, le Maire adresse au sous-préfet la liste des 8 engagés spinoliens dans la garde civile.

 

Jeudi 6 août. L’instituteur et directeur d’école, Gabriel Teton qui doit partir en retraite informe son administration qu’il reste présent à son poste et assure l’administration de l’école autant que nécessaire 

 

Lundi 10 août : Les hommes valides de la commune se mettent à disposition du fermier pour effectuer les travaux de la moisson. Le Maire, dans la lettre qu’il adresse au sous-préfet, affirme qu’en conséquence il n’y a pas lieu de lui envoyer des ouvriers au chômage pour ces travaux et conclue en affirmant : « Je vous signale qu’il règne ici un accord parfait entre les habitants et la municipalité et que chacun s’ingénie à nous rendre la tache moins difficile. Chaque jour le grain est apporté à la Mairie et vendu pour le compte des boulangers de Brunoy, chacun leur tours ».

Dans une seconde lettre, au Préfet, cette fois-ci, il précise que les eaux sont fermées et les bornes fontaine sont ouvertes de 10 heures  à 12 heures et de 14 à 16 heures. La conduite de gaz est fermée de 7 à 11 heures et de 12 à 19 heures.